Photographie de José Banaudo (Nice) : dans la plaine du Danube vers Bechet (Roumanie)

Octobre 2018

Bulletin internautique de l’Association Piotr-Tchaadaev

Nous remercions José Banaudo, voyageur infatigable, en particulier sur les routes de l’Europecentrale et orientale, de nous avoir confié pour publication cette photographie exceptionnelle. Ce rappel en image de la vie et de la condition pastorales pourrait nous conduire à bien des réflexions, en commençant par un retour aux textes antiques et sacrés, où le métier de berger est bien représenté et où la métaphore du troupeau et de son pasteur est pour le moins récurrente.

Et par un retour ensuite sur l’actualité du moment, où certains découvrent avec stupeur que les troupeaux peuvent se donner de bien mauvais bergers, alors même qu’ils disposent du suffrageuniversel, qui se transforme hélas parfois en sulfatage universel.
L’activité pastorale, une des plus anciennes de l’humanité (la guerre aussi, c’est entendu…) symbolise– et incarne dans ses faits et gestes – la recherche d’un équilibre entre les nécessités humaines, le cycle des saisons (la transhumance) et les ressources de la nature (l’écobuage, avec ses limites). Cet équilibre est actuellement rompu, peut-être de manière irréversible. L’été 2018 a été très chaud, il y aurait même eu ça et là des difficultés d’approvisionnement en bière, l’automne a été excessivement clément et s’est à nouveau rappelé à notre bon souvenir avec des pluies torrentielles, en particulier dans le sud-est de la France et en Italie.

Dans ces deux régions du monde, et dans d’autres aussi sans doute, la « bétonisation » des sols ne faitqu’aggraver les conséquences des pluies torrentielles. C’est là qu’on retrouve la notion de « mauvais bergers », lesquels se distinguent par leur imprévoyance, le plus souvent délibérée (on le découvrerégulièrement dans l’après-coup de maintes catastrophes) et motivée par la perspective de profits immédiats pour eux-mêmes et leurs « amis ». Les mêmes n’ont que mépris pour les préoccupationsenvironnementales et ne se privent pas de le dire, les dangers du réchauffement climatique (de plus en plus rapide semble-t-il) ne valent pas tripette au regard de la sacro-sainte croissance économique. Et il en va peut-être de la planète comme de l’écobuage : « Il enrichit le père mais ruine le fils ».


Il Volantino Europeo n°61

Octobre 2018